Le tribunal administratif de Nancy, créé en mai 1953, a fait suite au Conseil de Préfecture de Nancy.
Cet édifice participe au renouveau urbanistique de la ville qui réunit la vieille ville à la ville neuve de Charles III, duc de Lorraine. Après la réalisation de la place royale (place Stanislas), la place Carrière est totalement recomposée par la ferme volonté de Stanislas pour être associée à la précédente création. A cet effet, les façades sur la place sont élevées par les propriétaires, mais payées par le Roi de Pologne.
A l'origine, s'étendait sur cet emplacement une mare d'eau qui bordait la vieille ville. Au milieu du XVIe siècle, un premier aménagement fut réalisé par la Duchesse régente Kristine de Danemark. Cette place fut destinée aux joutes et aux tournois, ce qui explique son vocable et sa longueur.
Au début du XVIIIe siècle, les tournois n'étaient plus de mise et le Duc Léopold insuffla les prémices des premières modifications.
Pour la famille Beauvau Craon, premier Seigneur de la cour de Lorraine, Germain Boffrand réalisa un magnifique hôtel (Hôtel de Craon) sur la place de la Carrière (actuelle cour d'appel judiciaire).
Boffrand, qui fut disciple de Jules Hardouin-Mansart, avait été nommé premier architecte du Duc en 1711. A ce titre, il reconstruisit notamment le château de Lunéville, les châteaux d'Haroué, de la Malgrange.
A l'extrémité Sud de la place, Emmanuel Héré (1705-1763), disciple de Boffrand, qui fut le concepteur de la place royale, sut admirablement tirer partie de la vieille place du XVIe. Aux hôtels du XVIe furent substituées des maisons aux façades uniformes et parfaitement alignées qui forment un ensemble homogène. Il conserva l'hôtel de Craon pour en faire le siège du Parlement de Lorraine. En vis-à-vis, il construisit la réplique exacte de cet édifice pour ponctuer les alignements de la place par deux beaux hôtels parfaitement symétriques. Ce second hôtel était le siège de la Bourse des Marchands, qui deviendra le Tribunal de commerce, puis le Tribunal administratif en 1982.
Contrairement à l'hôtel de Craon, la Bourse des Marchands ne jouit pas de la même emprise foncière. Cette dernière trop réduite, ne permet que la reproduction de l'avant corps et les ailes appartiennent à d'autres entités parcellaires.
Le bâtiment, qui abrite aujourd'hui le Tribunal Administratif, fut construit en 1752 à l'emplacement exact de la demeure du célèbre graveur Jacques CALLOT (1592-1635). Une plaque commémorative située à l'intérieur du Tribunal, au pied du magnifique escalier en fer forgé qui mène à la salle d'audience, rappelle que « c'est ici qu'il a exécuté quantité de ses œuvres, qu'il a fait son testament et qu'il est mort le 24 mars 1635 à 43 ans ».
La façade du bâtiment est ornée de sculptures composées de personnages couronnés de feuilles d'acanthe (motif du chapiteau corinthien).
A l'origine, le bâtiment abritait la Bourse des Marchands, comme en témoignent les cinq monogrammes de la balustrade en fer forgé, qui s'inscrivent dans un médaillon circulaire. La lecture de l'ensemble fait apparaître en effet l'identité originelle de la construction : « La Bourse ». Le médaillon central présente l'Archange Michel terrassant le dragon et patron des corps de métiers qui utilisent la balance comme pesée des marchands. Aux deux extrémités du balcon, un double 4, dont l'un inversé, rappelle que ce chiffre, dont on frappait les portes ou les linteaux des fenêtres dans certaines régions, avait valeur de talisman contre la peste, comme le précise Fred Vargas dans son roman «Pars vite et reviens tard » (éditions Viviane Hamy).
Le balcon (maçonneries et ferronnerie) a été complètement restauré en 2004 avec dorure à la feuille d'or 22 carats des principaux éléments de décor.